Entre mer et forêt, la ville d’Eu s’est construite en fond de vallée autour du château et de la Bresle qui la traverse. Frontière naturelle, historique et stratégique depuis l’Antiquité, ce petit fleuve a permis d’ancrer la présence humaine. Voie de communication aménagée au fil des siècles, elle a permis le développement d’activités économiques et la création de paysages uniques autour du château. Un patrimoine naturel remarquable, lié indéniablement à l’histoire de la ville, qui présente aujourd’hui une biodiversité riche et une palette de paysages pour les amateurs d’histoire, de nature et de tranquillité.
La Bresle
Orientée sud-est/nord-ouest, la Bresle présente un débit régulier autour de 8 m3/s, typique d’un régime fluvial océanique. Les débordements y sont rares et se cantonnent au lit mineur pour envahir les prairies de fond de vallée.
Le fleuve offre une grande diversité animale et végétale. Des zones reconnues d’intérêts écologiques, faunistiques et floristiques (ZNIEFF) ont été mises en place sur le territoire de la commune.
Les eaux de la Bresle accueillent de nombreux poissons migrateurs et sont classées parmi les cours d’eau à salmonidés depuis 1987. On assiste au phénomène de smoltification, qui permet aux saumons migrateurs d’adapter leur organisme pour le passage de l’eau douce à l’eau de mer. De nombreux parcours de pêche, notamment aux truites de mer, sont gérés par des associations agréées.
Le fond de vallée, constitué d’alluvions argileux et organiques offre des terres propices à la culture, sur lesquelles se sont installés les jardins ouvriers, bordés par la Bresle.
L’ancien domaine royal : parc et jardin à la française du château
Etonnant équilibre entre le passé et le présent, le parc du château est intimement lié à l’histoire du château et de son domaine. Installé à flanc de côteau, à quelques pas du coeur de ville, sur près de 4 hectares, il est aménagé en terrasses dès le XVIIe siècle par la Grande Mademoiselle. Elle y fait planter des ormes, des charmes, des châtaigniers et des tilleuls. A l’ouest du château, elle fait également aménager un jardin français, soutenu par de puissants murs de soutènement en grès, qui est composé d’une belle roseraie et d’arbustes persistants taillés en topiaire. Le parc et le jardin évoluent au cours des siècles et des propriétaires successifs.
Au XIXe siècle, Louis-Philippe étend le domaine par l’acquisition de nouvelles parcelles, qui sont traitées « à l’anglaise » en plantant une grande variété de plantes, d’arbustes et d’arbres, agencée de manière à former des courbes douces et irrégulières, pour imiter les paysages
naturels. Le parc est aussi enrichi par de nouvelles constructions comme les glacières, des ponts et divers bâtiments. A la fin du XIXe siècle, l’architecte Viollet-le-Duc aménage en contrebas du parc des dépendances nécessaires à une gestion plus efficace de l’eau et à la fabrication du gaz indispensable à l’éclairage du château.
Le parc et le jardin à la française offrent aujourd’hui des chambres de verdure, où se côtoient espaces boisés et espaces enherbés, collection de conifères, pièces d’eau et fontaines, floraisons étalées de rhododendrons, azalées et roses, que l’on découvre en empruntant les sentiers et les allées. Un espace naturel préservé, façonné par l’histoire, qui répond aux usages contemporains en intégrant le camping municipal et un parcours sportif.
Plaines et collines
Les plaines riches et fertiles sont cultivées ou utilisées comme pâtures. La ville, en fond de vallée, est entourée de collines. Celle de Saint-Laurent, au sommet préservé de toute construction à l’exception d’une chapelle, offre un panorama incomparable sur l’embouchure de la Bresle, qui lui vaut son titre de protection au sein des sites pittoresques de la Seine-Maritime.
La colline du Mont-Vitôt, bien occupée par un tissu urbain dense, reflète les aménagements paysagers des années 1960-1970, tout comme celle de Beaumont occupée par des habitations cossues en lisière de forêt et de l’ancienne cité antique de Briga.
La forêt d'Eu
Entre les vallées de la Bresle et de l’Yères, d’Eu à Aumale, la forêt couvre 9 300 hectares. Forêt domaniale et « indivise » appartenant à l’Etat et au département de la Seine-Maritime, gérée par l’Office National des Forêts, elle surplombe la ville du haut des coteaux.
Ancienne forêt des comtes d’Eu, étroitement liée à l’histoire du château et de l’ancien domaine royal, elle porte des témoignages remarquables de ce passé empreint d’histoire : maisons forestières, poteaux indicateurs en fonte (1876-1902), installés à l’initiative du comte de Paris et du duc d’Aumale pour faciliter la pratique de la chasse et la promenade, obélisque dédiée à
Madame Adelaïde, soeur du roi Louis-Philippe. Elle abrite aussi, au sein d’une clairière de 23 hectares, les vestiges de l’ancienne cité antique de Briga.
Depuis le Moyen Âge, la forêt a joué un rôle majeur dans le développement économique du territoire. Dès le XIVe siècle, elle est exploitée pour fournir en matière combustible les fours des verreries qui se développent en forêt, puis le long de la vallée de la Bresle. Elle fournit également en matière première la construction navale, tandis que les riches argiles de son sous-sol alimentent les briqueteries locales pour répondre au mode de construction.
L’industrialisation a profondément modifié les usages. Aujourd’hui, l’exploitation sylvicole raisonnée est appliquée par une gestion durable pour préserver les ressources et protéger la faune et la flore et faire face aux enjeux climatiques.
La forêt joue un rôle écologique essentiel dans la préservation des écosystèmes. Caractérisée par une futaie cathédrale de hêtres, son peuplement est composé d’une diversité d’essences (chênes, charmes, merisiers, érables et résineux). Haut lieu faunistique et floral, elle abrite des ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique) et site NATURA 2000.
Lieu privilégié pour les activités de loisirs, elle offre de nombreuses possibilités pour se ressourcer. Les sentiers et chemins balisés permettent de découvrir ces espaces précieux par la promenade, la randonnée, le vélo, l’équitation et place la forêt comme véritable observatoire d’une nature à préserver.